Idéal Cinéma Jacques-Tati

Aniche, en ce début de XXème siècle, est une ville industrielle, considérée comme la capitale du charbon et du verre. Aniche se singularise par une forte représentation syndicale dont témoigne le puissant syndicat des verriers fort de 1 800 membres.

Cette chambre syndicale décide, en 1900, d'acquérir un terrain et de construire un bâtiment destiné à accueillir leur nouveau siège, avec une grande salle polyvalente pour les réunions syndicales et autres manifestations plus festives. Son inauguration a lieu le 26 janvier 1902, le bâtiment est appelé l’Hôtel des syndicats des verriers.

Par sa prospérité, Aniche, intéresse les cinématographes et c'est donc en début d'année 1905 que les premières séances de projection en cinéma muet se déroulent chez Joseph Leloup, un aubergiste. Puis, avec la ducasse de septembre 1905, un chapiteau accueille les projections de la Select-Sorisus et, le 23 novembre 1905, la première projection par le cinéma automobile avec 600 places assises dans la salle de l'Hôtel des Syndicats verriers, qui deviendra « L'Idéal Cinéma ».

Les films sont à cette époque de courte durée. Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès de 1902 ne dure que 14 minutes. Le syndicat accueille régulièrement Pathé ou Gaumont mais, pour des raisons financières, le comité s'engage avec la compagnie Splendid Cinéma. Les séances se déroulent en trois parties de chacune trois films.

À l'époque, Aniche compte quatre salles de cinéma : le Splendid Cinéma à L'Hôtel du syndicat depuis décembre 1909, le Royal cinéma (rue Patoux février 1910), l'Eldorado, 12 rue Thiers (1910) et le Casino des familles (rue Lemaire 1911). À l’Hôtel du Syndicat, la compagnie du Splendid Cinéma se retire en 1911. Le gérant appelle donc les sociétés Excelsior-Rehaux et The Rex Cinéma pour assurer les projections.

Le 21 décembre 1912, un décret oblige les exploitants à isoler leur salle de projection et à fixer au sol les chaises et les bancs. M. Louis Pol reprend la gérance et le cinéma se renomme l’Idéal Cinéma.

Durant la première guerre mondiale, sous couvert de la Croix-Rouge, le comité Hispano-américain ravitaille les civils. L’Hôtel du syndicat avec son cinéma deviennent un centre de ravitaillement jusqu’au 31 mars 1919.


Dès 1922, un appareil de projection est acheté et la salle est nommée L'Idéal cinéma. La crise verrière de 1927 et les fours morts réduisent la puissance du syndicat et affecte la fréquentation de son cinéma. Mais en 1936, de nombreux sociétaires sont à nouveau adhérents et le syndicat est renforcé. Le cinéma est donc réorganisé pour en faire une coquette salle de province face au cinéma des Maîtres verriers et bourgeois, le Royal Cinéma. Sa capacité passe à 850 places comprenant balcon et pigeonnier.


Le 10 mai 1940, l’exode de la population entraine la fermeture des cinémas pendant plusieurs mois. Une censure sévère est appliquée. Les salles restent éclairées pour repérer les perturbateurs, chahuteurs et manifestants lors des projections de propagande de la Deutsche Wochenschau.


L’arrivée de la télévision annonce le déclin des salles de cinéma, situation qui pèse sur L’Idéal Cinéma et son gérant M. Louis Pol, se retire en 1955 à l’âge de 67 ans. Le bureau du Syndicat des verriers désigne alors M. Charles Moreau pour le remplacer. En 1960, il fera rénover la partie inférieure de la façade.

Le Royal Cinéma ferme ses portes le 30 juin 1967. L’Idéal Cinéma tente de maintenir son activité. Il est le seul cinéma de la ville, mais la conformité de la salle n’est plus assurée et un décret municipal entraine sa fermeture le 4 février 1977.

Le 28 janvier 1991 un bail emphytéotique entre la ville et le syndicat des verriers estsigné entrainant une importante restructuration et l’idéal Cinéma est reconstruit prenant le nom de « L'Idéal Cinéma Jacques-Tati » en 1995. La salle est alors divisée en deux et le 3 juin 1995à lieu l'inauguration du Centre Culturel Claude-Berri qui comprend le cinéma et la salle Louis-Pol, au même emplacement que l'Hôtel du Syndicat.

Le 31 octobre 2012, une nouvelle inauguration a lieu pour le passage au numérique 3D et le changement des sièges et des décors pour accueillir 187 places assises, avec des emplacements pour l'accueil de personnes à mobilité réduite.